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Lucien Reynhout

19/02/2004
14:26
L'avenir des études grecques et latines

Bonjour,

Je suppose que vous êtes les personnes les plus désignées pour recevoir cette information, que je vous transmets de la part de Denis Muzerelle de l'IRHT, et la diffuser à votre tour le plus largement possible. Non sans avoir signé la pétition en ligne (c'est très simple à faire!), bien
sûr.

Je vous remercie et vous adresse mes meilleures salutations,

Lucien Reynhout

*********************************************************


Chers Collègues,

L'avenir des études grecques et latines est actuellement menacé, en France, par les nouveaux programmes de l'enseignement secondaire. Un grand mouvement de protestation contre cette situation se développe dans le milieu des enseignants et des spécialistes. Si vous
souhaitez vous y associer, vous pouvez faire enregistrer votre soutien à l'adresse suivante:

http://www.sauv.net/latingrec2004.php

Merci de bien vouloir diffuser cet appel sur toutes les listes concernées.

Dear Colleagues,
Greek and Latin studies are presently endangered in France by new educational programs at secondary-school level.
A strong movement of protest is developing among teachers and scholars against this matter of fact. If you are willing to join, you may register your support at:

http://www.sauv.net/latingrec2004.php

Please forward to any relevant mailing list. Thank you.

 
Guy Dufau

20/02/2004
15:16
re : L'avenir des études grecques et latines

Encore une démonstration qui prouve que le gouvernement mène une gurre à l'intelligence.
Mais quelle catastrophique idée de renouveler cet appel en english,cela donne des arguments à ceux que l'on veut combattre.
Combien eut été plus sympa de l'écrire en latin et en grec(ce dernier phonétiquement)
 
Yann

20/02/2004
15:22
re : L'avenir des études grecques et latines

Why not in English, for heaven's sake? They learn as much Greek and Latin as we do over here, perhaps more, my dear fellow. And besides, they do have a REAL and independent national media, not that farsicle joke we have over here they call "France Culture" (what a laugh).
Yann

(pour la traduction: www.debilitron.com)
 
dom

21/02/2004
18:48
re : L'avenir des études grecques et latines

il me ferais douter l'animal!!!(Lucien)

 
Guy Dufau

23/02/2004
21:32
re : L'avenir des études grecques et latines

i ZOÏ INAI ENA ENGOURI KORIS GLOSSA ELENIKI
AFTO DEN VRISKO MESA www.debilitron.com
 
Thibault

25/02/2004
23:57
Mondialisation marchande

Dans un contexte mondialisé, il est certain que l'apprentissage de l'anglais le plus tôt possible dans le primaire constitue plus une priorité que la conservation de langues (économiquement) inutiles.

L'anglais en parallèle (puis en remplacement) de la langue régionale ou nationale permettra une substitution et une interchangeabilité plus grande de l'acteur économique.

 
Yann

26/02/2004
00:30
re : L'avenir des études grecques et latines

... libre alors au franchouillard de glapir sa francophonie à tout va, aussi vide soit-elle. Un coup d'oeil à FC et vous verrez comment elle se porte, la francophonie.
L'anglais comme grand ennemi du communisme. C'est sympathique. L'anglais venant jusque dans nos bras, ravir nos fils et nos compagnes. C'est mignon. Ceux qui parlent anglais ne pensent pas qu'aux transferts de capitaux, mon ami. Il se trouve qu'il y a des penseurs anglais, des romanciers anglais, des peintres anglais, des compositeurs anglais, des scientifiques anglais, des dramaturges anglais, des comédiens anglais, des réalisateurs anglais, des philosophes anglais etc...
L'énorme problème avec notre cher hexagone est qu'on nous a tellement bourré le mou en nous répétant que nous étions les parangons de l'humanité, que par la même occasion, on ne nous incite pas à aller voir ailleurs comment on y pense. On simplifie juste selon le mignon petit pamphlet soviétique ci-dessus. C'est plus rassurant. Comme ça notre brave exception culturelle n'a pas à souffrir.
Depuis que je me suis aperçu qu'on se fout ouvertement de nos pauvres trognes à Radio-France, je suis allé voir ailleurs, et ô surprise! J'apprends des choses. Quand on s'amuse à comparer la vastitude de la culture anglophone (ou autre) avec l'extrême pauvreté de notre champ médiatique, il y a de quoi hurler.
Bonsoir
Yann

 
dom

26/02/2004
04:57
re : L'avenir des études grecques et latines

oui yann ,

voila un extrait du discour et comment nous sommes percu par l'Estonie,cela cadrera en fonction du yaourt habituel.

c'est un peu long et ce n'est pas mon habitude de faire un copié collé mais cela clouera la tronche de bien des clowns:

------------------------------------------------------------------Constr uire une nouvelle Europe - Exposé de M. Toomas Hendrik Ilves, ministre des affaires étrangères, Estonie à l'Université Humboldt, Berlin 5 février 2001

Je suis très honoré de me trouver ici devant cette éminente assemblée pour vous parler de la construction européenne et de l'avenir de l'Europe. Ordinairement, c'est de leur propre pays et de son avenir que les ministres des affaires étrangères ont l'habitude de discuter. C'est leur rôle, après tout. On peut néanmoins supposer qu'un ministre des affaires étrangères ait une certaine vision en matière de politique extérieure. Cependant, cette vision ne s'inscrit pas dans son travail quotidien, pas plus qu'elle ne figure au programme de son gouvernement. Elle est cantonnée à la sphère privée, personnelle, ou réservée aux ministres ad honores. C'est pour cela que les ministres en fonction prisent tant ces situations politiquement incorrectes où ils ont la possibilité de parler en toute liberté. C'est aussi pour cette raison que je me réjouis de m'adresser à vous aujourd'hui à l'Université Humboldt, où il est pour ainsi dire de tradition de permettre aux ministres d'exposer leurs visions personnelles, dégagés du carcan des contraintes de leur fonction ou des implications que pourrait avoir l'expression de ces visions sur la position officielle de leur gouvernement. À l'instar des " règles de Chatham House ", nous devrions peut-être instaurer les " libertés de l'Université Humboldt ".
Ce soir, je ne vous parlerai pas de la bonne santé de l'Estonie, ni du nombre de chapitres que nous avons clôturés dans nos négociations avec l'Union européenne, pas plus que des idées erronées que véhiculent certains hommes politiques européens à propos de l'élargissement de l'OTAN et des pays baltes.
Non, au lieu de cela, je voudrais plutôt évoquer des questions qui ont trait à l'Union européenne et à son avenir, des questions sur lesquelles nous ne pourrons faire l'impasse indéfiniment, des questions que je poserai demain en qualité de citoyen d'un État membre de l'Union de la même manière que je les pose aujourd'hui en tant que citoyen d'un pays candidat. Ce dont je vous entretiendrai ce soir, c'est de ma vision personnelle des choses, qui n'est pas nécessairement celle du gouvernement estonien. Ce que je vous dirai n'engage que moi, un peu dans le même esprit de l'intervention que M. Joschka Fisher a prononcée ici même voici neuf mois.

Mesdames et Messieurs,
Je considérerai trois aspects qui revêtiront une importance capitale pour l'Union européenne dans les dix ans qui viennent. Pour mieux les cerner, je les exposerai comme autant de dichotomies qui nécessitent une certaine prise de position:
1. les nouveaux membres ou les anciens?
2. les petits ou les grands pays?
3. la légitimité démocratique ou l'efficacité décisionnelle?
La première dichotomie (les nouveaux membres ou les anciens?) est davantage d'ordre culturel et psychologique, tandis que les deux autres (celle entre les petits et les grands pays et entre la légitimité démocratique et l'efficacité décisionnelle) portent sur les règles de fonctionnement dont l'Union devra se doter. Il s'agit de questions plus fondamentales qui concernent tous les futurs États membres et que j'aborderai dans la seconde partie de cet exposé.
Quand je parle des nouveaux et des anciens membres, je ne me place pas sur le terrain de l'élargissement et des négociations d'adhésion en cours, mais je fais allusion à la manière dont les nouveaux membres sont perçus par les anciens.
Dans les années 90, le dilemme qui a dominé les débats sur l'avenir de l'Europe se résumait à la métaphore très métaphysique de " l'approfondissement ou l'élargissement ". En d'autres termes, fallait-il d'abord consolider l'Union avant d'y inclure les nouveaux membres ou allait-on commencer par les accueillir et puis invoquer le sort en espérant que tout se passe bien? Du point de vue du maintien de la stabilité, il est compréhensible que l'approfondissement l'ait initialement emporté. Toutefois, à l'Est, certains, peut-être trop sensibles, ont interprété ce débat comme un euphémisme d'une thèse qui consisterait à dire: " Réglons d'abord les choses entre nous avant l'arrivée des barbares ". Si vous trouvez cela un peu excessif, transposez cette situation à celle de l'Allemagne en 1990. Aurait-il été concevable qu'à l'époque, un homme politique ouest-allemand recommande à ses collègues: " Commençons par réviser la constitution et par mettre en place le processus décisionnel entre nous avant la réunification avec les nouveaux Länder "? J'en doute.
Je perçois chez de nombreux Européens une sorte de crainte face à l'élargissement, face à l'arrivée de gens très différents, la crainte de l'inconnu, la crainte que les nouveaux membres n'altèrent la nature de l'Union. J'en veux pour preuve cette réflexion qui émane d'une éminente personnalité d'Europe de l'Ouest, qui a présidé le Parlement européen et qui, comme moi, s'inscrit dans le courant de la social-démocratie:
" Le prochain élargissement n'aura rien de commun avec aucun des précédents, non seulement en raison de l'abîme qui sépare l'Ouest et l'Est de l'Union du point de vue du niveau de vie, mais surtout en raison des différences fondamentales entre les citoyens et les hommes politiques des pays d'Europe centrale et orientale et ceux des États membres actuels en ce qui concerne leurs traditions nationales, leur sensibilité, leur expérience, leurs intérêts et leurs jugements de valeur. Nous ne devrons pas uniquement surmonter les conséquences d'une évolution divergente depuis cinquante ans, mais aussi celles de différences beaucoup plus anciennes et beaucoup plus profondément enracinées dans l'histoire européenne. "
Analysons cela d'un peu plus près: les peuples d'Europe centrale et orientale seraient fondamentalement différents de ceux des États membres actuels de l'Union en ce qui concerne " leurs traditions nationales, leur sensibilité, leur expérience, leurs intérêts et leurs jugements de valeur ". Je suis sûr que la majorité des historiens européens seraient d'accord pour affirmer que les valeurs démocratiques fondamentales qui sont à la base de l'Union européenne n'existaient pas voici à peine soixante ans dans de vastes pans du territoire qui la constituent aujourd'hui. Souvenons-nous, comme Joschka Fischer l'a rappelé l'an dernier à cette tribune, que l'Union a été créée pour empêcher la résurgence du climat qui a mené à la Seconde Guerre mondiale.
Sans vouloir m'éterniser sur cet exemple concret d'attitude vis-à-vis des pays candidats de l'ancien bloc communiste, je ne peux me départir de l'impression que le raisonnement sous-jacent à cette réflexion est de fort mauvais augure pour la réussite de l'élargissement à l'Est. Il consiste à dire que, jusqu'à présent, l'Union s'est élargie pour inclure des gens " comme nous " (au sens courant de " nous, c'est nous et eux, c'est eux "), tandis que l'élargissement qui s'annonce nous amènera des êtres humains d'un autre type, qui, s'ils partagent certes notre continent - et ici je reprends la citation -, présentent " des différences fondamentales en ce qui concerne leurs traditions nationales, leur sensibilité, leur expérience, leurs intérêts et leurs jugements de valeur ".
Je ne vais pas vous assener des exemples a contrario, mais je voudrais tout de même que vous réfléchissiez à ceci: pour nous, Estoniens, nos " traditions nationales, notre sensibilité, notre expérience, nos intérêts et nos jugements de valeur ", qui remontent à la période antérieure à l'occupation soviétique, sont probablement plus proches de ceux des Finlandais que ne le sont ceux des Danois de ceux des Suédois. L'application du raisonnement que j'évoquais voudrait donc que, malgré tout ce qui nous rapproche des Finlandais, ceux-ci mériteraient la réputation d'Européens modèles - ce qu'ils sont assurément - alors que les Estoniens porteraient les stigmates de " différences profondément enracinées dans l'histoire européenne ".
Il s'agit bien sûr d'un raisonnement fallacieux dont je suis persuadé que chacun se rendra compte dans quinze ans, mais, d'ici là, que faire? Il me semble pourtant que le rapprochement franco-allemand de l'après-guerre, qui est une des pierres angulaire de l'Union européenne, a nécessité bien plus d'efforts que ne le demande aujourd'hui le changement d'attitude à l'égard des Européens de l'Est. Pourquoi ce qui a été possible entre la France et l'Allemagne ne le serait-il pas ailleurs?
Je voudrais remonter aux origines de cette attitude, parce que l'image d'étrangeté et d'arriération qui est celle de l'Europe de l'Est en Occident s'est forgée bien avant que le rideau de fer n'impose dans beaucoup d'esprits celle d'une population maussade vivant une vie maussade dans des immeubles à appartements maussades. L'image d'une Europe de l'Est lointaine, dont nous ignorons tout - pour paraphraser la description que Chamberlain donnait de la Tchécoslovaquie en 1938, à la veille de son démembrement - est en effet un sous-produit malheureux de cette période pourtant illustre de l'histoire européenne que fut le Siècle des Lumières. L'historien des cultures Larry Wolffe explique très bien ces différences entre l'Est et l'Ouest de l'Europe dans son excellent ouvrage " Inventing Eastern Europe ":
" Il ne s'agit pas d'une distinction naturelle, ni même innocente, car elle est le fruit d'un travail de création culturel, d'un artifice intellectuel, d'une autopromotion idéologique… L'Europe de l'Ouest a inventé l'Europe de l'Est au XVIIIe siècle, le Siècle des Lumières, pour se donner une image en creux. C'est à la même période que se sont attisés ses foyers intellectuels et qu'elle a cultivé, pour se l'approprier, le concept, nouveau pour l'époque, de " civilisation ", cette civilisation qui a découvert son pendant sur le même continent, dans d'obscures nations plongées dans l'archaïsme, voire la barbarie. "
Le Siècle des Lumières voulait imposer le Culte de la Raison à tout ce qui avait trait à l'homme. Il ne s'agissait pas seulement d'une philosophie, mais aussi d'une vision politique. Car Voltaire, Diderot et Gibbon étaient aussi des hommes politiques et, comme tous les politiciens le savent, ainsi que nous le savons tous à présent depuis la guerre froide, il n'y a rien de tel qu'un contre-exemple pour se prouver à soi-même sa bonté et sa vertu.
Si je vous ai expliqué tout cela, c'est pour démontrer la nécessité de lancer un processus qui aille au-delà des objectifs immédiats de l'Union européenne (l'élargissement, la réforme de la PAC, etc.) pour tendre à sa véritable finalité, qui est l'intégration du continent tout entier. Par " intégration ", je n'entends pas l'intégration de l'acquis communautaire, mais celle des attitudes à l'égard des nouveaux États membres.
Le grand poète grec Constantin Cavafy (1863-1933) a écrit un poème superbe qui s'intitule " En attendant les Barbares ". Il y décrit l'angoisse qui tenaille une cité impériale qui attend l'arrivée des Barbares. Les consuls de l'empire ont revêtu leurs plus belles parures, parce que les Barbares sont censés apprécier ce genre d'atours. Par contre, ils ont intimé le silence à leurs orateurs, parce que les Barbares n'ont pas la réputation d'aimer la rhétorique ni l'éloquence. La métaphore de ce poème s'applique bien au contexte dans lequel se déroulent les négociations d'adhésion: elle incarne la crainte des citoyens des États membres face à l'élargissement à l'Est et celle des hommes politiques qui remettent en question son bien-fondé ou son rythme.
Je pense que l'Allemagne a un rôle particulier à jouer dans ce processus, tout comme elle a joué un rôle majeur dans le rapprochement de l'Europe de l'Ouest. Cela semble aller de soi parce qu'elle a deux pays candidats pour voisins directs, mais aussi parce qu'elle a depuis des siècles de fortes affinités culturelles avec bon nombre de ces pays, dont le mien. Pendant six cents ans, en effet, la capitale de l'Estonie, Tallin (Reval en allemand), fut une ville essentiellement germanophone.
En plus de ces relations privilégiées et de longue date avec les pays candidats, l'Allemagne a la faculté d'apaiser les craintes des autres États membres et elle a surtout une longue tradition d'explicitation et de transmission des cultures est-européennes à l'Ouest. N'était-ce pas d'ailleurs votre brillant Johann Gottfried Herder qui, refusant de souscrire à la caractérisation de l'Est typée par le Siècle des Lumières, a voyagé dans ces pays, dont l'Estonie, pour les étudier et en est revenu transfiguré?

Mesdames et Messieurs,
À présent, permettez-moi d'ôter pour de bon ma casquette de ministre des Affaires étrangères et de retrousser mes manches pour aborder un dossier extrêmement difficile.
Le problème fondamental que nous devons résoudre lorsque nous envisageons la manière dont l'Europe fonctionnera demain, ce n'est pas de savoir s'il faut l'" approfondir " ou l'" élargir ". Dans le nouveau débat sur l'avenir de l'Europe, dont Joschka Fischer a donné le coup d'envoi ici l'an dernier, les observateurs se sont focalisés sur la question de savoir si nous voulions un super-État. Certains voient derrière le vœu de doter l'Europe d'une constitution et d'un système fédéral la volonté d'en finir avec les États-nations, les souverainetés nationales, etc. Je pense pour ma part qu'il existe un malentendu profond quant à la signification des notions de fédéralisme et de constitution. J'estime que le fédéralisme résout davantage de problèmes qu'il n'en crée. L'enjeu du défi qui se pose aujourd'hui à l'Union européenne est de rendre compatible la légitimité et l'efficacité décisionnelle entre des entités d'une taille et d'un poids économique très variables. Comment faire pour que les décisions soient acceptables et transparentes aux yeux des citoyens? Comment faire pour que les États membres, avec leurs spécificités sur le plan de leur taille, de leur langue, pour ne pas dire de leur sensibilité, aient tous la certitude que leurs intérêts sont pris en compte?
La République fédérale d'Allemagne n'a pas eu à affronter ce problème lorsqu'elle a adopté un régime fédéral, qui était davantage une solution administrative dictée par le général Clay que le résultat d'un vrai débat politique entre des entités de taille relativement égale qu'étaient les Länder. Ce fut par contre le problème majeur que John Jay, Alexander Hamilton et James Madison ont dû résoudre voici deux cents ans, outre-Atlantique, lorsqu'ils se sont attelés à élaborer un mode de gouvernement pour un autre conglomérat de petits et de grands États et qu'ils ont affronté la question fondamentale de la légitimité.
Le processus de décision utilisé dans l'Union européenne a fonctionné extrêmement bien pendant une quarantaine d'années dans les domaines de l'économie, de la standardisation, etc. Puis, au fil de son approfondissement et en se dotant d'une monnaie commune, d'une politique étrangère et de sécurité commune, d'un espace commun de justice et de sécurité intérieure à la conférence de Tampere, son champ d'activités s'est élargi pour englober des éléments qui, dans les pays démocratiques, sont au cœur de la relation entre le citoyen et l'État. En s'appropriant ainsi des compétences qui appartenaient traditionnellement aux États-nations, et avec le consentement de ceux-ci, elle n'en est pas pour autant devenue elle-même un État, encore moins un super-État.
Dès lors, nous devons évoluer au-delà de la seule méthode décisionnelle communautaire, parce qu'il s'agit d'enjeux fondamentaux de l'État libéral démocratique. Que nous reconnaissions ou non la qualité d'État à l'Union européenne, nous devons admettre qu'elle s'occupe, depuis un certain temps déjà, de dossiers qui touchent à la relation du citoyen à l'État, ce qui implique de sa part le respect du processus de décision démocratique qui fonde la légitimité de tous les États-nations démocratiques.
Je ne suis pas ici en train de plaider contre une plus grande intégration européenne, mais j'ai le sentiment très net que les pays candidats et les États membres partagent un doute d'où découle une bonne part de l'euroscepticisme qui règne aujourd'hui. Ce doute, c'est celui que des décisions fondamentales qui se prenaient autrefois dans la transparence et dans un cadre juridique compréhensible au niveau de l'État-nation démocratique postwestphalien sont à présent transférées à une instance supérieure, dont le processus de décision n'est pas toujours clair ni transparent, ni même compréhensible selon les critères de la procédure parlementaire, où la séparation des pouvoirs chère à Montesquieu est des plus floues et où le lien entre les opinions des citoyens et les relais officiels dont il dispose pour les exprimer (les partis politiques ou ses représentants parlementaires) sont totalement distendus.
Si l'on se place dans un autre contexte, on pourrait dire que ce que ressent le citoyen, c'est que l'Europe, selon la thèse de Saint-Simon (ou était-ce Engels?) s'est engagée dans " la transformation d'un gouvernement politique des hommes en une administration des choses ". C'est la crainte de cette transformation qui, à mon avis, est à l'origine du malaise dont souffrent les citoyens européens.
L'État-nation démocratique qui s'est développé dans la majeure partie de l'Europe après le Siècle des Lumières et la Révolution française a donné au citoyen un droit de regard sur ce qui se passe dans son pays. C'est l'absence de ce droit de regard qui distingue les pays non démocratiques des pays démocratiques et c'est le refus de reconnaître ce droit qui a conduit à la chute du mur de Berlin.
Tel est, à mon sens, le nœud du dilemme à propos de la finalité de l'Europe. Comment préserver, dans le processus décisionnel de l'Union européenne, un degré de légitimité démocratique et de transparence équivalent à celui auquel nous sommes accoutumés dans nos propres pays? Ce manque de confiance des citoyens et leur refus de prendre part au processus de décision nourrissent l'euroscepticisme des sociétés postcommunistes, qui se demandent à quoi bon sortir d'une Union si c'est pour entrer dans une autre. Même les citoyens britanniques, danois et suédois restent pleins d'appréhension face à l'intégration européenne, à l'instauration d'un super-État, à la monnaie unique. Il serait trop simple d'imputer cette appréhension à la " crainte de la modernité ", à la nostalgie de l'État-nation, voire à l'incapacité de ces citoyens d'être de " bons " Européens.
Ces craintes sont au contraire légitimes. Elles s'inscrivent dans la forte tradition démocratique de ces pays. Si, dans les sondages et les référendums, ces citoyens avaient à choisir entre l'efficacité (avec, dans la foulée, une plus grande prospérité économique), d'une part, et un processus décisionnel démocratique et transparent, d'autre part, ils se prononceraient incontestablement pour cette dernière option. En outre, les petits pays craignent la domination des grands, tandis que ceux-ci redoutent la tyrannie de la majorité, pour reprendre une expression de James Madison.
Ce sont les États membres qui observent le plus les États-Unis d'Amérique et leur modèle de gouvernement fédéral fort ou l'Allemagne, en lui attribuant la volonté d'imposer son propre modèle au reste de l'Europe, qui sont les adversaires les plus virulents du fédéralisme européen. Je ne partage pas leurs vues. Le centralisme fort à l'américaine n'a acquis sa forme moderne que depuis le New Deal et la Seconde Guerre mondiale: il aura fallu 150 ans et deux graves catastrophes (la grande crise des années 30 et la guerre mondiale) pour qu'il s'impose. Quant au fédéralisme allemand, il a surtout été imposé de l'extérieur.
Pendant les 150 premières années de leur régime fédéral, les États-Unis d'Amérique n'étaient que faiblement centralisés. Ils avaient certes une monnaie commune et un commandement militaire central (bien que l'armée fût toujours largement constituée de milices cantonnées dans les États), mais la plupart des décisions se prenaient au sein des organes législatifs et exécutifs des différents États. Je n'ai pas l'intention de lancer ici un débat sur l'histoire américaine, mais j'ai soulevé cette comparaison pour montrer combien la signification de la notion de fédéralisme a évolué en Europe depuis son invention par John Jay, Alexander Hamilton et James Madison dans l'Amérique du XVIIIe siècle.
Je pense néanmoins que, pour façonner l'intégration européenne de demain, nous devons puiser notre inspiration dans ce XVIIIe siècle américain et non dans le modèle actuel des États-Unis, quelle que soit sa valeur, car les défis qui se posaient à cette époque étaient très semblables à ceux que l'Europe d'aujourd'hui doit relever: l'équilibre entre les intérêts des grands et des petits pays, la répartition des compétences entre le pouvoir central et les États membres, la création d'une union monétaire et les mécanismes de défense commune.
C'est dans les zones de tension structurelle entre les petits et les grands pays que l'on perçoit le plus la nécessité du fédéralisme. Je ne vois qu'une manière de garantir partout l'adhésion des citoyens: c'est d'équilibrer les préoccupations démocratiques des grands pays et les craintes justifiées des petits en créant pour une part une chambre basse élue au scrutin proportionnel et, pour l'autre, une chambre haute à représentation égale. Seul un Parlement européen fort pourra conférer une légitimité démocratique aux décisions de l'UE. Or, nous n'aurons pas de parlement fort tant que celui-ci ne comptera qu'une seule chambre et, qui plus est, à représentation semi-proportionnelle.
Les grands pays ne feront pleinement confiance qu'à un parlement qui représentera proportionnellement leurs intérêts. Prenons le cas de l'Allemagne: alors que sa population est soixante fois supérieure à celle de l'Estonie, sa représentation au sein du Parlement européen ne lui sera que de quinze fois plus forte. Pour le dire plus prosaïquement: un Estonien égale quatre Allemands. Qu'est-ce que ceux-ci en pensent? De leur côté, les petits pays redoutent que les grands n'aient suffisamment de voix pour adopter des actes législatifs qui nuisent à leurs intérêts. Par conséquent, ni les uns ni les autres ne veulent investir le Parlement européen du pouvoir législatif que nous estimons être, au sein de nos parlements nationaux, la condition sine qua non de la légitimité démocratique.
Si nous voulons convaincre nos citoyens de la légitimité démocratique de l'Union européenne, si nous voulons qu'ils voient dans " Bruxelles " le siège de cette légitimité et non celui de la bureaucratie administrative, nous devons créer un parlement bicaméral, ce qui ne signifie pas que l'Europe deviendra forcément un super-État ni même un État fédéral. Il s'agit simplement d'une forme de fédéralisme qui permettra de résoudre bien des problèmes.
Une fois cette étape franchie, nous pourrons nous atteler à résoudre le délicat problème du nombre de commissaires. Il faut bien avouer que la structure actuelle de la Commission n'a pour seul mérite que de satisfaire la volonté des pays, surtout des petits, d'avoir leur place à la table. Le résultat en est pour le moins étrange et est en tout cas très éloigné de l'élémentaire sagesse de la séparation des pouvoirs telle que Montesquieu la professait. Car, après tout, la Commission est-elle autre chose qu'un organe exécutif coulé dans un moule législatif de type sénatorial? C'est pour moi le comble du paradoxe de voir l'Europe fouler aux pieds, dans sa propre structure exécutive et législative, un de ses apports majeurs au concept de la démocratie, celui de la séparation entre les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Autrefois, lorsque la Commission n'était encore qu'un vaste secrétariat, sa représentativité se justifiait amplement. À présent que ses décisions ont des répercussions beaucoup plus profondes sur les citoyens, elle mérite une légitimité démocratique plus solide.
Cela nous mènerait trop loin de débattre ici du mode d'élection des commissaires, étant donné les intérêts politiques, nationaux et régionaux en présence, mais il s'agit en tout cas d'un enjeu qui nécessite des propositions et des analyses sérieuses et qui devra être tranché au plus tard lorsque l'Union franchira le cap des vingt membres.
Avant de clore le chapitre des solutions fédéralistes pour ouvrir celui du " gouvernement " de l'UE, je voudrais préciser ma pensée sur un aspect qui différencie ma position de celle de Joschka Fischer, celui de l'élection du président de la Commission au suffrage du peuple. Les raisons de cette divergence de vues sont les mêmes que celles qui me font préconiser un parlement bicaméral: l'avantage dont jouiraient les candidats des grands États membres. Ici encore, les pionniers du fédéralisme avaient prévu l'écueil: pour le contourner, ils ont institué l'obligation pour le futur président américain de remporter la majorité des suffrages dans au moins 50 % des États. Cette condition, qui est sans doute la première occurrence du vote à la majorité qualifiée dans l'histoire, n'est pas exempte d'inconvénients, comme on a pu s'en rendre compte lors des dernières élections présidentielles aux États-Unis, mais elle incarne le souci très légitime d'avoir un président qui représente à la fois un large éventail d'intérêts régionaux et de petits États. Ce système oblige en tout cas les candidats à la présidence à faire campagne dans tous les États et pas seulement dans les plus peuplés. J'estime que si la Commission européenne doit avoir un jour un président élu, ce que je souhaite pour la légitimité démocratique, il faudra que tous les citoyens de tous les États membres soient assurés de prendre part au processus.
Je m'en voudrais de terminer cet exposé sans évoquer la question de la répartition des souverainetés. J'espère ainsi regagner une part du crédit que j'ai perdu auprès de mes amis britanniques, sans parler de mes compatriotes estoniens… Comme je l'ai dit tout à l'heure, on peut légitimement craindre d'un super-État européen qu'il ne jouisse d'une omnipotence décisionnelle. Cette crainte pourrait être apaisée par l'introduction de quelques-uns des mécanismes dont j'ai parlé.
Nous devons aussi aborder une question autrement plus cruciale. C'est celle de la subsidiarité, que M. Fischer a succinctement décrite comme un thème dont tout le monde parle et que pratiquement personne ne comprend. J'ai toujours estimé que les décisions devaient se prendre à l'échelon le plus bas possible, mais il y a dans la subsidiarité quelque chose qui me dérange sur le plan métaphysique, non dans les objectifs qu'elle poursuit, mais dans ce qu'elle présuppose.
La notion de la subsidiarité vient évidemment de l'Église catholique. Or, parmi les nombreuses caractéristiques qui différencient celle-ci de l'Union européenne (comme d'ailleurs de toute autre institution démocratique), il y a le fait que l'Église se réfère à une autorité supérieure à son versant temporel: elle tire son pouvoir d'en haut. Par contre, le pouvoir de l'UE émane de ses citoyens. Si l'Église peut s'en remettre à Dieu, l'Union européenne, faute d'autorité suprême, ne peut qu'invoquer la volonté de son électorat, de ses citoyens.
Je voudrais que l'on se souvienne de ces grands esprits européens qu'étaient Jean-Jacques Rousseau, Thomas Hobbes et surtout John Locke, qui, en proclamant que tous les droits prenaient racine dans l'individu, ont posé les fondements philosophiques de l'État démocratique moderne. C'est de Locke que nous avons hérité du principe qu'un gouvernement n'existe que par le consentement de ceux qu'il gouverne. Il est difficile de circonscrire les implications pratiques de cette distinction philosophique. Je ne pense pas, en tout cas, qu'il faille imposer aux dirigeants européens la lecture de Deux Traités sur le gouvernement, mais j'estime en revanche qu'un revirement d'attitude s'impose et qu'au lieu de la théorie hégélienne selon laquelle le processus décisionnel viendrait du haut, nous devrions appliquer la vision lockiste et rousseauiste d'une légitimité ascensionnelle. Ce ne sont pas simplement les États-nations qui transfèrent un pouvoir de décision à l'Union, mais ce sont véritablement les citoyens qui transfèrent leur pouvoir aux États-nations et, de là, à l'Union. J'ai l'intime conviction que nous ne pourrons donner forme à ce noble objectif qu'est l'Europe des citoyens tant que nous n'intégrerons pas ce principe fondamental du Siècle des Lumières.

Mesdames et Messieurs,
Les aspects que j'ai abordés dans la seconde partie de mon intervention débouchent invariablement sur la question de la constitution. À l'instar du fédéralisme, ce mot véhicule la notion d'État ou, en l'occurrence, de super-État, puisque l'UE est déjà une union d'États-nations, et cela suscite une certaine nervosité. Mais il en est de la constitution comme du fédéralisme: son existence n'implique pas automatiquement celle d'un État ou d'un super-État. La constitution est un moyen de codifier la relation entre les citoyens et le processus politique. Or, aujourd'hui, l'Union européenne, avec le consentement de ses membres, a fini par s'impliquer dans cette relation, qui était auparavant la chasse gardée des États-nations. Nous devons donc formaliser cette relation dans un cadre juridique, de manière à délimiter ce qui est permis et ce qui ne l'est pas, à définir les droits de chacun et à préciser les devoirs des structures nécessaires au fonctionnement de l'Union. Ce cadre juridique doit être une constitution. Je pense que les adversaires d'un super-État européen ont autant de raisons, si pas davantage, d'appeler de leurs vœux une constitution et un modèle de décision fédéraliste que les partisans d'une Union toujours plus puissante.
En conclusion, pour en revenir aux dichotomies que j'exposais au début de mon exposé, j'estime que nous devrions commencer par codifier le processus décisionnel de l'Union avant de nous atteler à décider du type d'Union que nous souhaitons.
Je vous remercie.

________________________________________________________
c'est en français he he!, tout ceci pour demontré que notre culture appartient bien au passé,et que le yaourt servi chaque jour n'est que rechauffe de 1968 pas des etudiants attardés, des intellectuels certainement pas des diseurs de bonnes aventures, comparé aux astonomes, de petits esprits se debattants dans leurs privileges, c'est ce qui essaie de se faire passer pour intellectuel et le gouvenement actuel a bien raison de leur rentrer dans le cadre.Regardez ce que nous etions et regardez ce que nous sommes!Regardez ce que nous avons laissez et regardez ce que vous laissez!


 
Henry Faÿ

26/02/2004
05:29
ne mélangeons pas tout

Je passe par dessus l'énorme copié-collé qui précède et je réponds à Yann. Ne mélangeons pas tout s'il vous plaît. La prééminence de l'anglais ne fait aucun doute. Ca ne veut pas dire que rien de bon ne soit publié dans d'autres langues, y compris dans la nôtre. Ca ne veut pas dire que les autres langues doivent être abandonnées, bien au contraire.
J'ai donné dans un autre fil un petit coup de chapeau à François Chaslin qui a eu l'audace de faire lire dans la langue originale un texte en japonais, un essai de Junichiro Tanazaki sur l'esthétique japonaise éloge de l'ombre, la traduction en français venait après.
C'est amusant et peut-être significatif de voir que cette discussion, qui est récurrente, vient cette fois-ci dans le fil l'avenir des études grecques et latines. Quand j'avais écrit que la langue de l'Europe, ce n'était pas l'anglais mais que ça devrait être le latin, je m'attendais à recevoir quelques quolibets, j'ai eu quelques approbations. J'ai lu récemment dans Télérama que l'assimil grec ancien rencontrait un succès inattendu.
Le salut viendra-t-il du grec et du latin? Je n'ose l'espérer.

 
dom

26/02/2004
06:19
re : L'avenir des études grecques et latines

desolé Henry,
c'eait juste pour demontré que ce qui restait de nos grands Hommes, et que ceux ci ont été formé par la culture Grecque et Latine, apparemment je n'ai pas été compris.c'etait pour montrer ce qu'il restait de nous a travers les siecles et ce que cela pouvait inspirer a un etranger , rien de plus.
salutations

 
Henry Faÿ

26/02/2004
09:38
pas contre du tout, au contraire

J'approuve tout à fait
 
Guy Dufau

26/02/2004
11:03
re : L'avenir des études grecques et latines

"il se trouve qu'il y a des penseurs anglais,des romanciers anglais, des peintres zanglais, des compositeurs zanglais, des scientifiques zanglais, des dramaturges zanglais, des comédiens zanglais, des réalisateurs zanglais, des philosophes zanglais, etc"...
L'actualité nous apprend que dans cet etcetera, il se trouve qu'il y a des patrons zanglais particulièrement originaux, cela va de soi.
 
Henry Faÿ

26/02/2004
12:42
et alors?

des patrons anglais et alors?
 
Guy Dufau

26/02/2004
13:57
re : L'avenir des études grecques et latines

"des patrons anglais et alors?
Henry, je te croyais mieux au courant de l'actualité,je répond donc à ton intérogation-je doûte de ton ignorance- mais cela peut-être utile à d'autres
Il y a quelques mois, en Angletrre, une importante société licencie l'ensemble de son personnel par un message diffusé par téléphone portable. Des salariés, ainsi prévenus, travaillant avec des voitures de fonction, furieux, ont vendu ces voitures immédiatement
Voila des patrons zanglais originaux.
Il y a quelques jours, en france, une boite anglaise, dans la nuit déménage toute ses machines et le matin le personnel constate de facto leur licenciement collectif.
Des sociétés anglaises sont implantées dans des stations de sport d'hiver en France, leur personnel est anglais, le droit du travail français n'est pas respecté, des moniteurs de ski anglais excercent sans aucun diplôme, ce qui est illégal, voila encore des patrons anglais,une catégorie d'anglais non inventoriés sur la liste de Yann.
Est ce que cette omission ne mérite pas d'être signalée?
 
Yann

26/02/2004
14:33
re : L'avenir des études grecques et latines

Bon bon bon... Un déplacement vers le Grand Capital... On dirait que le communisme est l'opium de Guy Dufau. On voit bien que Mister Dufau ne connait pas la merveilleuse réputation des patrons français à l'étranger. Arrogants, conquistadors, méprisants envers les locaux etc... Demandez un peu ce qu'on pense de Total à l'étranger. Les exemples de gloire entrepreneuriale française ne manquent pas: Vivendi, le Crédit Lyonnais. Voilà une chose réglée. Qui est morveux qu'il se mouche.
En tout cas, une chose bien révélatrice est que j'essaie de parler de champs culturels, et ça vire au communisme. Le communisme, c'est comme un vieux chewing-gum qui colle à la semelle de la chaussure. On a beau essayer de le gratter sur le bord du trottoir, ça part jamais complètement (ce qui est pire que de la crotte de chien, quelque part...).
Pour répondre à Henry, je regrette simplement que systématiquement dans ce pays, toute ouverture se retrouve taxée d'impérialisme. Et comme chacun a l'occasion de le voir, le champ de vision à FC se rétrécit de plus en plus. On ne peut plus considérer comme culturel un agenda d'une telle indigence. Alors avant de me retrouver enfermé, en bon darwinien, je préfère m'adapter pour survivre. Cela passe parfaitement par ce que vous mentionnez (le fait que François Chaslin, et son bon travail, ne soit pas tout à fait dans la norme actuelle de FC est tout à fait révélateur).
Hélas, il y aura toujours des réactions bien franchouillardes qui tendront vers un isolationnisme culturel désastreux. Le jour où je ne trouverai plus d'intérêt ni de plaisir à me plonger dans la culture française (c'est à dire qu'elle se sera refermée sur elle-même), alors basta, je zappe.
On nous offre tous les moyens de communications et tous les supports d'information possibles de nos jours. Seule une poignée de communistes y résiste. Qu'ils reposent en paix.
Quelle imposture de sans arrêt voir les choses en termes de suprématie linguistique, de domination, de pauvres petites cultures en voie d'extinction. Je prends où il y a de la matière, peu importe la langue ou le pays. C'est comme ça que ça s'est toujours fait depuis la nuit des temps, depuis les moines du Moyen-Age, qui passaient leur temps sur les routes de l'Europe toute entière à amasser des connaissances. Le latin était la Grande Langue, on n'en est pas mort. Si c'est l'anglais maintenant, alors pourquoi pas, ce serait puéril de gémir sur le sort de notre langue.

Heureusement, je pense que les réactions du genre du dit Thibaut sont en voie de disparition, et de plus en plus, le réflexe tend à regarder ailleurs, lorsque l'on n'est pas satisfait de ce qu'on nous propose.
Alors, le formatage de FC, avec ses "évènements" ""culturels"" et ses écrivains à la mode sera vite oublié. Chacun se sentira libre de se constituer sa propre actualité culturelle, grâce à l'ouverture du champ médiatique.
Et ainsi, la structure d'une radio telle FC, au contenu culturel efficacement verrouillé par sa direction et ses syndicats, fera rire ce qui se souviendront qu'elle existe encore...
Vive la mondialisation! Sans elle nous serions tous des sociologues euh parlant euh, (bruits de mastication), en quelque sorte, euh de choses euuuh qui n'interessent euuh, en réalité quasiment euuhh personne.
Je vais aller voir ailleurs si j'y suis (mon principe de base)
Yann

PS à dom: j'imprime ton copié-collé et je m'y mets
 
Guy Dufau

26/02/2004
15:48
re : L'avenir des études grecques et latines

A la manière de...
Encore un communiste...je vais décidement aller voir ailleurs... ils sont comme un vieux chewing gum qui colle...Ce mister Yann se permet de critiquer les patrons français en citant, Total, Vivendi, le Crédit lyonnais.
Il n'y a dans ce pays que débiles franchouillards, mais heureusement je construis ma culture personnelle en écoutant la BBC, ce qui m'évite de mastiquer des heu heu quand je parle .
 
Yann

26/02/2004
16:33
re : L'avenir des études grecques et latines

Le marxisme a un effet extrêmement néfaste sur les synapses et la circulation des impulsions électriques permettant de communiquer avec le système nerveux central. Le cerveau est alors obligé de simplifier à l'extrême les informations qu'il reçoit. D'où le message ci-dessus.

Guy Dufau = méchant petit marxiste = panpan cucu (technologique)

Yann

 
Henry Faÿ

26/02/2004
16:46
un mauvais procès

Alors que je suis en grand désaccord avec la programmation de France Culture, il me semble que c'est faire à la chaîne un mauvais procès que de prétendre que "le champ de vision se rétrécit de plus en plus", c'est à dire que ce qui vient de l'étranger n'y serait pas assez présent.
Les auteurs et les artistes étrangers, qu'ils parlent français ou non sont invités aussi souvent que possible, largement cités et commentés. Je n'ai jamais senti le moindre isolationisme culturel sur France Culture.
Si l'on dépasse le cadre de la radio pour passer à l'édition, il faut voir que les auteurs étrangers ne sont pas du tout inconnus en France car ils sont abondamment traduits. J'ai lu il y a quelque mois dans Libération sur la question du nombre de traductions dans les différents pays le compte rendu d'une savante étude. Elle fait apparaître que les pays qui ont une langue à diffusion restreinte traduisent beaucoup, ceux qui ont une langue répandue dans le monde entier (les pays anglophones) traduisent peu, la France se trouve dans la bonne moyenne. Le pays qui traduit le moins, ce sont les Etats-Unis d'Amérique, on pourrait les taxer d'isolationnisme culturel mais quand on sait à quel point ils sont à la pointe dans les études sur les pays du monde entier, il ne faut pas retenir cette conclusion trop hâtivement. Il est vrai que les présidents américains ne sont pas tous très forts en géographie, et l'actuel présudent n'avait pratiquement jamais quitté le sol de l'Amérique avant de prendre ses fonctions. Dans les milieux conservateurs, il parait que le simple fait de savoir une langue étrangère est très mal vu, il faut soigneusement s'en cacher comme si c'était une maladie honteuse.
Dans le domaine du cinéma, la France fait mieux que traduire: elle va au devant des autres pays, elle joue un rôle décisif dans le maintien et le développement de nombre de cinématographies nationales. J'ai lu et entendu sur France Culture , que surtout du temps de Daniel Toscan Duplantier la France faisait vivre le cinéma du monde entier (au moins un certain type de cinéma), et cela parait incroyable. Il ne faut pas tout le temps se flageller.
Que l'anglais soit le latin de notre époque, ce n'est pas faux mais c'est quand même la marque la plus forte qui soit de l'hégémonie des Etats-Unis. Il ne faut pas ménager ses efforts, surtout dans le cadre de l'Europe pour que les autres langues ne soient pas purement et simplement balayées.
Amen




 
lionel

26/02/2004
17:36
re : L'avenir des études grecques et latines

Entièrement d'accord avec Henry

PS : sokoyo oza nikomo loraku folobi yokouo!
(sur FC nous parlons toutes les langues)
 
Henry Faÿ

26/02/2004
19:20
bin oui, faut que j'm'instruise

Je ne suis pas trop au courant de toutes les turpitudes des patrons anglais. Faut que j'm'instruise. Faut pas m'en vouloir, je lis le Figaro (mais pas seulement). Faut bien que ce forum serve à quelque chose.

 
Yann

26/02/2004
20:04
re : L'avenir des études grecques et latines

Que nenni, tout à l'heure je parlais plus de champs du savoir que de champs géographiques. Et je suis le premier à admettre que géographiquement, le spectre proposé par FC est plus large, car la BBC très souvent se contente d'auteurs du Commonwealth. Mais cela reste un détail, un tout tout petit détail, parce que nous recherchons tous à apprendre une vastitude de connaissance de la manière la plus plaisante et la plus intelligente qui soit. Je ne pense pas que des conférences universitaires avec des choses écrites au tableau serve cette cause au mieux, à la radio...
J'ai entendu à la radio anglaise une émission retraçant l'histoire du lait, par exemple. On apprend des milliers de choses, et pas un seul bouquin à vendre, ni de "spécialiste" (douteux) euheutant (néologisme) jusqu'à oublier son propos. La démarche est entièrement tournée vers l'auditeur, et non vers l'invité ou quoique ce soit d'autre. Et je ne trouve strictement aucun équivalent par ici, de savoir aussi efficacement et aussi agréablement dispensé. Et, ah oui, c'est tout en anglais.
Yann

 
Henry Faÿ

27/02/2004
06:53
nous sommes bien d'accord

Nous sommes alors parfaitement d'accord et je ne pourrais qu'abonder dans cette voie. Yann, tu te réfère à la BBC, fort bien, moi j'ai une autre référence, c'est France Culture du temps de Jean-Marie Borzeix.
Il y avait alors les chemins de la connaissance à une heure très agréable pour l'auditeur du matin que je suis, 8h30 9h. Maintenant nous avons droit dans cette tranche horaire à une revue de presse souvent fastidieuse qui ressasse l'actualité qui devient l'unique sujet, une chronique qui n'a rien de génial et la présentation rapide et superficielle d'un quelconque produit culturel.
Tu parles d'une émission sur le lait, moi j'ai en mémoire une émission particulièrement géniale sur le chocolat. Il y en a des choses passionnantes à dire sur le chocolat. Je me souviens aussi d'une émission sur les routes du thé.
Du temps de Jean-Marie Borzeix, en fin d'après midi et en début de soirée, il y avait rie moins que:
le pays d'ici
à voix nue
mise au point d'Eliane Contini
agora
perspectives scientifiques
le rythme et la raison
C'était un vrai festival pour les esprits curieux, c'était le bonheur et c'était sans doute aussi bien sinon mieux que ce que propose la BBC. (Si ce n'est pas le cas, peu importe).
Maintenant qu'avons nous? Des reportages, des infos et un gros magazine bavard. La chute est vertigineuse!
L'éloge du savoir, (je suis entrain d'écouter la conférence de Jacques Bouveresse) c'est la bande annonce de ce que France Culture devrait faire, pourrait faire et que nous aimerions voir revenir: des intervenants de tout premier ordre, des sujets passionnants mais une forme qui est tout sauf radiophonique et une heure impossible, une heure où la majorité des gens dorment.
Je voudrais insister sur la perte de substance dramatique et jusqu'à présent non réparée qu'a été la disparition d'agora et des perspectives scientifique. Cette dernière émission qui abordait un sujet en quatre volets permettait un certain approfondissement très satisfaisant pour l'esprit, c'est quelque chose à quoi nous n'avons plus droit. Le reverrons nous un jour?

ad horas octo et triginta itinera scientiae reponende sunt.

 
Guy Dufau

27/02/2004
08:56
re : L'avenir des études grecques et latines

Une èmission sur le lait,my god! je préfère une émission sur les fromages, mais la BBC doit avoir ses limites.
 
lionel

27/02/2004
09:42
re : L'avenir des études grecques et latines

A mon avis l'avenir de l'europe n'est pas l'anglais mais la multiplication des traductions (avec aussi le bond en avant des technologies de traduction automatique)
 
dom

27/02/2004
17:56
re : L'avenir des études grecques et latines

de toute facon j'ai pu acceder a un texte en estonien traduit en francais alors ou est le probleme?lionel la il a du etre fait par un pro ce texte, on peu egalement avoir la version anglaise.
 
Henry Faÿ

27/02/2004
21:00
hirondelle

Un texte en estonien traduit en français, fort bien mais une hirondelle ne fait pas le printemps.

 
dom

27/02/2004
21:20
re : L'avenir des études grecques et latines

et bien, l'Europe des peuples! henry!c'est comme ca que va ce texte et les petits nous le rapellent, on ne quitte pas le joug sovietique pour etre sous le joug europeen.defendons l'estoniens le francais sera defendu.
dom
 
Henry Faÿ

28/02/2004
07:06
estonien et autres idiomes

Pas de parallèle possible entre "joug soviétique" et "joug européen". La satellisation des pays de l'Est s'est faite sous l'emprise de la force, les pays entrent librement dans l'Union Européenne dont le fonctionnement, quoi qu'on dise est démocratique.
Défendre l'estonien je veux bien mais quiconque aura le courage de se mettre à l'estonien saura bien que c'est une langue qu'il n'aura guère l'occasion d'utiliser, à moins qu'il n'ait une petite copine dans ce pays. Je suis sûr que comme partout ailleurs l'estonien recule en Estonie même au profit de l'anglais. C'est tout à fait vrai que le meilleur moyen de défendre la place du français serait de se mettre à l'étude des diverses langues européennes et c'est tout le contraire qui se produit, l'enseignement des langues en dehors de l'anglais régresse.
Ceux qui s'opposent au tout anglais n'ont pas la tâche facile mais ce n'est pas une raison de baisser les bras.

 
Henry Faÿ

14/04/2004
09:45
Madame nouveau souffle défend le latin

Dans la chronique de ce jour, Madame nouveau souffle a défendu le latin langue vivante et langue de l'Europe. Si les éléments qu'elle cite pour appuyer son propos sont significatifs, il serait opportun de revivifier les études latines.

 
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