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Henry Faÿ 01/04/2004 22:41 |
Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
J'ouvre un fil pour parler d'une émission de Marc Voinchet, je n'ignore qu'il y en avait déjà un mais au titre qui ne laissait guère d'ouverture pour une appréciation ouverte de l'émission (tout arrive, surtout le pire). Il y a eu dans l'émission de Marc Voinchet de ce jour, accompagné de Jean-Marc Biasi un débat entre Jean Clair et Michel Onfray dont on se souviendra et qui portait sur l'art et sur la religion. Jean Clair dit son inquiétude et sa révolte son dégoût devant cet art de l'immonde, de l'abject, du scatologique, de la coprophilie, des artistes qui se font photographiér couverts d'excréments. Fait-on de cette façon entrer l'enfer au coeur de la cité? Non, car de nos jours le mal n'existe plus. Ce n'est plus comme ce que dans les années trente faisaient Bataille et Klossowski, qui parlait d'une "théologie diabolique". C'était alors un système de pensée qui relevait du sacrilège or pour qu'il y ait sacrilège, il faut qu'il y ait sens du sacré. Les actionnistes viennois sont les premiers au début des années soixante à nous avoir fait entrer dans cette sphère nouvelle où le mal n'existe plus. Il y a eu aussi Manzoni et ses boîtes d'excréments, Nevrada, son visage qui devient cloaque. Comment expliquer cela? C'est à vrai dire mystérieux mais on peut s'appuyer sur ce que dit Marcel Gaucher: on arrive à l'âge de l'individu total; et Jean Clair de développer: l'individu qui ne croit plus qu'à ses seuls droits, pas à ses devoirs, c'est le nourrisson. L'artiste bénéficie d'un étrange privilège, l'impunité, qu'avaient jadis les nobles, la punition n'existe on peut aller jusqu'à chier sur le monde sans arrêt. Il faut même qu'il y ait cette transgression pour être admis dans ce qui est le mieux. Les britanniques sont très forts là dans ce genre de délire. Une statue faite par celui qui fait des animaux coupés en tranche (il s'agit sans doute Günter von Hagen) représentant une femme enceinte qui accouche d'un enfant malformé du fait de la thalidomide va être placée dans un lieu central de Londres. Autre exemple de la vogue que connaît ce type d'art: le fond d'atelier de Muhl, l'actinniste viennois, qui a fait sept ans de prison pour viol sur mineures a été racheté par la ville de Vienne. Michel Onfray, interpellé par ces attaques, dit qu'il ne veut pas choisir entre Jean Clair et Art presse. Il reproche à Jean Clair de prendre la partie pour le tout. L'art contemporain ne se résume pas à ce que Jean Clair dénonce. C'est Marcel Duchamp qui a produit la mort du beau mais Marc Voinchet intervient pour faire remarquer que ce débat est vieux. Michel Onfray voit dans ce que déplore Jean Clair le produit du nihilisme de notre époque qu'il réprouve totalement; la haine du corps la haine de la vie sont pour le philosophe matérialiste la suite du judéo-christianisme. De christianisme, Bataille et Sade étaient imprégnés. Cette fascination du corps souffrant, cette haine du corps qui passe par la passion (cf le film de Mel Gibson), elle est chrétienne et elle a fait son temps. Michel Onfray dit que l'actionnisme doit être replacé dans son contexte, sa communauté, que c'est fini,que ça avait son sens et que la transgression n'a plus à se faire là dessus. Ce serait donc une page qu'il faudrait tourner. Jean clair est en total désaccord avec les appréciations de Michel Onfray sur la religion chrétienne. Il dit qu'aucune religion au monde que le christianisme n'a été aussi passionnée par la chair, par le côté glorieux de la chair, jamais il n'y a eu autant d'amour du corps que dans cette religion. Il ne parle pas de l'église actuelle, la pauvre, qui est tombée dans un bénitier fadasse et qui n'ose plus rein représenter. Que faites vous de ces Christ en décomposition, celui de Grünewald, réplique Michel Onfray? La chair de l'incarnation, c'est selon le philosophe matérialiste un corps sans désir, un corps sans nourriture, un corps sans défécation, c'est le corps des anges. On lui oppose Le Bernin; Oui, mais Le Bernin est une exception, deux ou trois artistes ne peuvent permettre de généraliser. Dans toutes les églises de villages, dit le philosophe matérialiste, il y a des crcifixions avec une couronne d'épines et une plaie au flanc. Jean Clair répond que les crucifixions ne sont pas sanguinolentes. Le corps du Christ exprime non pas la souffrance mais la pamoison dans l'extase. Jean Clair insiste pour affirmer à quel point le côté rayonnant de la chair a été exalté par la religion chrétienne, sinon dit-il, il n'y aurait pas de musées. Il faut lire Saint Augustin et Saint Thomas d'Aquin. La résurrection allait jusqu'au dernier poil. Jean Clair passe à l'attaque et reproche à Michel Onfray d'avoir fait dans son manifeste pour une esthétique cynique l'éloge de Günter Von Hagen celui qui pratique la plastination, or on a récemment découvert qu'il ttravaille dans ses trois ateliers situés en Chine avec des corps de suppliciés. En Allemagne, c'est un énorme scandale. Jean Clair dit son scepticisme à l'égard de ce qu'il appelle un "art de mairie", une sorte d'art officiel, qui n'est bon qu'exceptionnellement et il ajoute qu'il y voit les limites de la laïcité, cette laïcité dont on veut faire la valeur suprème de la République. Si vous 'avez pas tout compris, vous 'avez qu'à vous procurer le dernier livre de Jean Clair, je n'ai pas noté son titre mais il en sera certainement largement question dans un proche avenir. |
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Louise 01/04/2004 23:59 |
re : Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
merci Henry, je viens d'écouter le passage de cette émission avec d'autant plus d'intérêt qu'il y a deux ou trois ans en Allemagne, on m'avait invitée à visiter cette exposition qui devait s'appeler, "Les merveilles du corps". j'étais restée sidérée lorsque j'appris que les corps étaient d'êtres humains, "plastinés" et coupés en rondelles. Il n'était pas question pour moi de voir, ce que ma morale judéo-chrétienne et tutti quanti me faisait ressentir comme étant une horreur et je me souviens m'être accrochée avec une allemande, prof de français, qui en disait le plus grand bien, elle disait, en effet que c'était un médecin et que tous les corps étaient d'orignine asiatique. Je lui avais demandée si elle aimerait qu'un être cher soit coupé en rondelles. Cela ne m'étonne pas du tout que ce type soit traduit en justice et même cela va de soi. Cette exposition a eu un succès immense en Allemagne,dans de nombreuses villes, il fallait s'inscrire je crois bien et il y avait des files d'attente impressionnantes, elle a été en Belgique ensuite et en Angleterre. Décidément, je trouvais déjà la voix de Michel Onfray effrayante, et c'est avec le même ton de voix, dépourvu d'affects, alors qu'il vient d'apprendre que ce Von Hagen est un criminel, qu'il dit qu'il condamme le type, bien sûr, mais qu'il sauve l'oeuvre. Je ne supporte pas . Mais ça veut dire quoi sauver une oeuvre obtenue à partir de supplices. Ah, l'horrible philosophe. |
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lionel 02/04/2004 01:08 |
re : Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
Oui, cette émission / conversation a abordé des sujets moins people que d'habitude. Ceci dit les 2 invités ont des choix ambivalents qui me rendent assez critique. Jean Clair ne parle jamais de l'art contemporain plus "positif" voire joyeux comme par exemple les nanas colorées de Nikki de Saint Phalle ou plus récemment les oeuvres de Pipilotti Rist. Je suis de plus en plus méfiant par rapport à Michel Onfray qui à partir d'un point de vue hédoniste intéressant se retrouve à soutenir le travail de Von Hagen. Pour moi l'exposition de ces corps plastinés est une abomination et son succès public m'a désolé. Tous ces corps sans sépulture qui voyagent dans des caisses pour la fascination des foules, brrr. J'ai immédiatement pensé à une sorte de savant fou qui aurait adoré travailler avec les nazis. Et je n'ai pas compris qu'on ne s'inquiète pas immédiatement de la provenance des corps. Maintenant, après 1 million de visiteurs, on découvre que ce "bizness" utilise des corps de suppliciés chinois. Ben avec un point de départ inhumain, le résultat est inhumain et les moyens sont inhumains. Ceci me fait penser à la passion de Mel Gibson. J'ai déjà lu qq forums enthousiastes. Avec ces millions de "braves gens" qui vont se régaler du spectacle d'un long supplice filmé en hyper-réalisme, je prédis pour la décennie à venir le retour des vrais crucifixions réalisées dans le monde par des dingues. A propos de l'imagerie chrétienne, les 2 invités n'ont parlé que des crucifixions en oubliant les enfants Jésus joufflus et les Marie "sexy" de certains peintres (cf les émissions de Daniel Arasse) A un moment de l'émission, les invités ont eu un trou de mémoire sur le nom de l'artiste qui a montré un animal coupé en 2. Ca ne plaide pas pour le sérieux de leurs analyses puisque cet artiste, Damien Hirst, est une véritable "star" hyper connue de la collection Saatchi et de la scène londonnienne. |
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Henry Faÿ 02/04/2004 08:54 |
le débat entre Jean Clair et Michel Onfray |
Ce qui m'apparaissait en écoutant cette passionnante émission, c'est que Jean Clair avait une vision singulièrement plus profonde et inspirée de l'art que n'a le philosophe hédoniste; Michel Onfray est capable de soutenir une conversation, il n'a pas des oeuvres d'art une appréhension aussi forte que son interlocuteur. En manifestant une hostilité radicale à l'égard du christianisme, Michel Onfray se coupe d'un univers qui selon Jean Clair est celui qui a suscité le plus de splendeurs artistiques. Ces attaques virulentes ne vont pas sans une dose d'incompréhension et de refus systématique. Jean Clair a une connaissance intime des oeuvres que le christianisme a suscitées; il est moins que quiconque ignorant des conceptions théologiques qui les ont inspirées et il se garderait bien de les tourner en dérision. La hauteur de vue de Jean Clair faisait paraître plutôt étriquées les manières de voir de Michel Onfray. Je me souviens que du temps du cercle de minuit, à la télévision, Jean Clair avait carrément déstabilisé Laure Adler; le débat portait sur l'art contemporain. C'était une scène mémorable. ad horas octo et triginta itinera scientiae reponende sunt |
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Louise 02/04/2004 15:23 |
re : Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
J'ai pris en note la partie de l'émission qui me fait le plus froid dans le dos. Jean Clair dit qu’il est d’accord avec beaucoup de ce qu’écrit Michel Onfray mais qu’une chose le dérange : « Vous proposez un manifeste pour une esthétique cynique que vous souhaiteriez voir éclater à la place de la thanatophobie de l’art judéo-chrétien, vous citez parmi ces artistes Günther von Hagens. (…) G. von H. est un médecin anatomiste qui a inventé dit-il une méthode de plastination des corps, c’est à dire comment est-ce qu’on peut anatomiser un corps ; après les avoir plastinés, ils les a découpés en rondelles, plus ou moins heureusement (…) il reprend une technique d’anatomisation des corps qui était celle de Fragonard, le neveu du peintre, qu’on peut voir à l’école vétérinaire de Maison-Alfort, qui sont des choses admirables (…) à partir de l’horreur, ce qui veut dire qu’à partir de l’horreur on peut dire n’importe quoi à condition qu’il y ait une élaboration d’une grande qualité, ce qui est le cas de Fragonard ou des sciences anatomiques(…) Jen Clair est choqué par la laideur des corps plastinés de von Hagens qu’il a vus à Bruxelles et depuis il a compris pourquoi : « d’une part, on a découvert qu’il n’était pas médecin ni anatomiste, il s’est fait condamner par la justice de son pays à une charge très lourde pour usurpation de titres, ensuite il a ouvert trois usines pour fabriquer ces corps plastinés en Chine, et qu’on s’est rendu compte avec effroi que beaucoup de ces corps plastinés venaient de cadavres de suppliciés chinois, tirés des camps de concentration, on a retrouvé des traces de balles dans la tête de ces gens-là. » Jean Clair dit qu’il va y avoir un procès en Allemagne et que von Hagens fera de la prison. Il veut ajouter que cette problématique est au cœur du sujet que ..., mais il est interrompu par marc Voinchet qui donne la parole à Michel Onfray qui dit : « d’abord, je suis d’accord avec vous sur le fait qu’il y ait du meilleur et du pire chez von Hagens, c’est un point de vue esthétique et je suis d’accord sur le fait qu’un certain nombre d’œuvres qui utilisent des bicyclettes ou des choses comme ça, c’est assez nul. Mais ceci dit, le travail d’un artiste contemporain, quand on aime sa démarche, on n’est pas tenu de tout aimer, on peut avoir un droit d’inventaire, exercer un droit d’inventaire , en considérant que certaines œuvres sont préférables à d’autres, et d’accord avec vous sur le fait que certaines sont moins intéressantes que d’autres , moi j’en préfère d’autres qui me sont l’occasion de dire que ce n’est pas parce que je critique la passion thanatophilique, que je considère qu’on ne peut rien faire avec la mort. La fascination pour la mort ne m’intéresse pas en revanche, je ne suis pas dans une logique morale moralisatrice……….. » Interruption de Marc Voinchet sur la pulsion de mort chez Freud, au sujet de laquelle Onfray aurait écrit d’admirables pages dans son bouquin. Onfray poursuit : « Je trouve qu’il n’y a pas de thanatophilie chez von Hagens d’une part, d’autre part il nous montre un autre corps que le corps idéal, idéalisé et glorieux, mais pour le coup, un corps matériel, matérialiste, un corps épicurien. Je n’ai pas fait non plus un livre sur von Hagens mais un livre sur l’art contemporain au sens large du terme, donc je prends l’exemple de cet individu, et je suis d’accord avec vous sur le fait, mais on vient de le découvrir, vous le savez, vous avez le dossier, l’immoralité du personnage qui est récente, mais et je ne défends pas l’immoralité du personnage, s’il a travaillé comme il a fait, ça ne m’intéresse pas de défendre le personnage, l’œuvre en revanche, c’est autre chose, ça n’est pas parce que Caravage a été un assassin que on peut considérer que l’œuvre est invisible ou impossible à regarder, parce qu’il s’est comporté de cette manière-là. Donc von Hagens ne s’est pas bien comporté humainement, certainement, toutes ses œuvres ne sont pas géniales, sûrement, mais un certain nombre sont l’occasion de penser autrement le corps que sur le terrain de la thanatophilie. » Et on enchaîne, Pierre Marc Debiasi va parler « d’espace collectif » « art décoratif », « l’art appliqué à l’architecture et à l’urbanisme », avant de couvrir d’éloges Michel Onfray pour son livre. De plus, j'ai vu sur Google que Jean Daive avait un site pour son émission et qu'il en avait parlé le 2 janvier 2002 http://www.ifrance.com/monk/titres/peinture.html |
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Louise 02/04/2004 15:30 |
re : Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
J'ai vraiment beaucoup de mal à comprendre que l'on puisse répondre : les bicyclettes, c'est nul, quand on vient d'apprendre qu'une crapule utilise des corps qui sortent des camps de concentration chinois! Et que l'on persiste à défendre l'oeuvre ............ Ah, non, ça ne passe pas et les deux de France-Culture qui continuent à jacter comme de si rien n'était, mais c'est horrible ! C'est vraiment tout ce que je hais dans cette culture désincarnée, s'il veut penser le corps sur un autre terrain le gars Onfray, il pourra aller le faire sur un divan pour comprendre pourquoi il a une telle haine du sien ! |
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Louise 08/04/2004 18:28 |
re : Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
Le meilleur, ce sont les invités, ce midi Hans Blik. le pire c'est ce Marc Voinchet, pour ce type, l'important n'est pas l'invité mais le fait que lui Marc Voinchet a cet invité-là dans son émission à lui. Il n'arrête pas de l'interrompre pour apporter des précisions inutiles, les questions qu'il pose sont piteuses. Ce midi, c'était le pompom, c'est un autre invité Mario Betati qui au bout de 20 minutes d'émission a précisé que le livre de Hans Blik s'appelait "Irak, les armes introuvables" et était édité chez Fayard. Mario Betati précisait cela pour les auditeurs, comment voulez-vous que Marc Voinchet puisse en plus penser aux auditeurs. |
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Henry Faÿ 09/04/2004 10:33 |
nous avons fait un beau voyage |
Dans l'émission tout arrive de Marc Voinchet du jeudi 8 avril, il y avait Jean-François Kahn parmi les invités. Il fait partie de ces gens qui ont un ego si énorme que je me semande comment on arrive à la faire entrer dans le studio. Il n'a pas manqué d'exposer sa géniale doctrine du centrisme révolutionnaire... Il a cependant dit des choses intéressantes. A propos de la situation en Irak, il a dit que tous les peuples avaient la capacité de se révolter contre leur tyran, donc pas besoin d'ingérence. Pourquoi cela n'a-t-il pas été possible en Irak? Il y a eu, dit Jean-François Kahn pas moins de cinq tentatives de soulèvement dans ce pays et chaque fois, elles ont été empéchées par d'autres puissances. Il aurait été intéressant de détailler ces épisodes mais l'un d'entre eux est bien connu, il se situe à la fin de la première guerre dite du Golfe quand les américains ont trahi les chiites. La question du procès de Saddam Hussein a été évoquée. Quelle juridiction devrait être adoptée, c'est pour les américains un casse-tête? Mais le plus probable, c'est que ce procès n'ait jamais lieu. Imagninez-vous que Saddam Hussein ait l'occasion de raconter par le menu à la barre ses tractations avec Donald Rumsfeld? Des hélicoptères, vous en voulez? Et combien? Et des gaz? Mais bien entendu. Pas de problème. Un accident cardiaque est si vite arrivé. A la fin de l'émission, Marc Voinchet a posé à jean-François Kahn une petite colle. Il a fait passer l'air célèbre nous avons fait un beau voyage, nous avons fait un beau voyage... et a dzmandé à son invité: de quelle opératte est-ce tiré? Jean-François Kahn, très sûr de lui, au bout de deux mesures a dit: Véronique. erreur, c'était Ciboulette. Pour ceux qui ne le savent pas, Jean-François Kahn se pique d'être un très bon connaisseur de l'opérette française. Il y a quelques années, Jean-François Kahn a réalisé sur France Musique une série d'émissions sur les opéras français oubliés du XIXe siècle. Si par extraordinaire quelqu'un en avait l'enregistrement, qu'il ait la bonté de me le signaler. |
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louise 09/04/2004 16:55 |
re : Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
, ce midi, écouter Rocard en l'imaginant planqué dans un bosquet de l'Elysée, attendant la sortie de Jospin pour convaincre son copain Chirac qu'il est indispensable au pays! |
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Guy Dufau 09/04/2004 17:38 |
re : Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
Ce n'est pas pour systèmatiquement contrer Henry,mais je trouve Jean François Kahn sympa,et quand il participe à un débat il le valorise,j'aime en lui le fonds et la forme. C'est à dire son verbe et ses éclats de rire,et pour le fonds,il a raison de dire que la mondialisation ne va pas vers une société libérale,basée sur la concurrence,mais au contraire vers des concentrations qui suppriment la concurrence. Je n'ai" pas entendu des emissions de J.F.Kahn consacrées à l'opéra mais à la chanson,ce qui est bien plus intérêssant. "L'opéra étant le seul endroit où quand quelqu'un reçoit un coup de couteau...au lieu de saigner il chante" Boris Vian |
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Henry Faÿ 09/04/2004 18:33 |
on n'est pas obligé d'aimer l'opéra |
On n'est absolument pas obligé d'aimer l'opéra mais dire que l'opéra est moins intéressant que la chanson, c'est au moins montrer qu'on n'y connaît rien. Il est vrai qu'à l'opéra, on meurt beaucoup en chantant et il y des gens que ça choque mais ils n'ont rien compris, il faut admettre une fois pour toutes que c'est un art qui ne vise pas le réalisme. Il faut que je termine vite d'écrire ce message car il faut que je me fasse beau pour aller entendre et voir Tannhaüser de Wagner au Châtelet. C'est un art où toute la gamme de sentiments s'exprime par la musique. |
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Henry Faÿ 09/04/2004 18:35 |
trop pressé |
il faut restituer l'ordre suivant: ...réalisme. C'est un art où toute la gamme... |
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Henry Faÿ 10/04/2004 09:13 |
sympa, Jean-François Kahn? |
Sympa, Jean-François Kahn? Vraiment pas. Je supporte très mal ces gens qui ont une une si haute idée de leur petite personne. |
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pat 10/04/2004 10:22 |
re : Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
C'etait bien Tannhauser au Châtelet? |
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Henry Faÿ 10/04/2004 11:00 |
Tannhäuser au Châtelet |
C'était très bien, j'étais surtout enchanté de connaître cette oeuvre très rarement représentée dont je ne connaissais que l'ouverture, mais je la connaissais très bien, elle faisait partie des quelques disques que j'avais quand j'étais petit et que j'ai dû me repasser des centaines de fois jusqu'à esquinter le disque vinyle. Elle est agréable à entendre, elle est aussi pompeuse. Je croyais que Tannhäuser, avec Venusberg, le choeur des pélerins, c'était un monument de kitsch, mais pas du tout c'est un opéra sensationnel, génial, un chef d'oeuvre au même titre que le Vaisseau Fantôme Lohengrin ou même Parsifal et dont le livret n'est pas du tout ridicule, il évoque la lutte entre amour profane et l'amour sacré, le second devant bien entendu l'emporter. La direction musicale était de Myung-Whun Chung qui dirigeait l'orchestre philharmonique de Radio France qui ne fait pas l'unanimité. La distribution était absolument sensationnelle: dans le rôle titre, le ténor Peter Seiffert, admirable. Elisabeth était magnifiquement interprétée par Petra-Maria Schnitzer et Vénus par la hongroise Ildiko Komlosi. Wolfram von Eschenbach était chanté par le baryton Ludovic Tézier etc. Ils étaient tous excellents. Ce qui laissait à désirer, c'était la mise en scène d'Andreas Homoki qui a été copieusement huée, comme je ne l'avais jamais vu (c'était la première). Il a passé à l'as toutes les scènes de bacchanales, il y a de quoi être frustré; il y en a même qui en prendrait prétexte pour demander le remboursement de leur place! Il a passé à l'as tous les ballets. Il a fait une mise en scène glaciale, minimale, mais pas nulle, puissante à certains moments mais que je n'approuve pas, surtout si je compare avec les indications très détaillées du livret: Venusberg est représenté par une grosse boule rouge, éclairée de l'intérieur, comme une grosse ampoule, le château de la Wartburg où se déroule l'extraordinaire joute entre troubadours était remplacé par un immense cube blanc, d'ailleurs mobile, tous les chevaliers-poètes étaient en costume-cravate en blanc, ça faisait un peu music-hall, tout cela était d'un total arbitraire. Franchement, cette mise en scène contestable ne m'a pas empéché d'être émerveillé par cet opéra génial passionnant et magnifiquement interprété. |
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pat 10/04/2004 19:55 |
Tannhäuser au Châtelet |
Merci du temoignage. J'ai honte car je disposais d'une invitation pour la générale, mais après avoir lu le livret kitch et mélodramatique de cet opéra je me suis dégonflé... Ceci dit je suis en général déçu par les mises en scènes trop modernisées et épurées des vieux opéras. Je comprends qu'on tente de renouveler les productions, mais quitte à voir du vraiment neuf, je préfère le théatre musical 100% contemporain. Quant aux opéras du répertoire ancien, je préfere qu'on fasse des reconstitutions historiques inspirées des décors de l'époque de la création. Souvent il y a dans le répertoire des longueurs musicales, du remplissage, expressemment prévu pour montrer un ballet ou un effet de machinerie. Dans le cas de Wagner, il concevait ses opéras comme un tout, ce qui rend problematique les adaptations actuelles. C'est un peu comme si pour être au goût du jour, on décidait de montrer la Joconde en blond avec du silicone... |
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Guy Dufau 11/04/2004 09:56 |
re : Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
Vraiment,je ne vois pas apparaitre en Jean François Kahn la "si haute idée qu'il a de sa personne".Un type qui rit,me semble,être le contraire d'un docte,d'un pédant,d'un qui ne se prend pas pour une m... Le grand mamamouchi A.A. serait-il plus humble? et Jacques Julliard? A propos-belle transition-est-ce qu'il existe des publics particulièrement infatués d'eux-mêmes? Oui,il y en a : le public des corridas auquel il faut ajouter le public des opéras(ce que vient d'écrire Henry le démontre). Je me demande même lequel de ces deux publics est le plus intrangisant,le moins tolérant.Y-a-t'il du plaisir à aller grossir les rangs d'une meute aussi déchainée? |
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Henry Faÿ 11/04/2004 19:35 |
lequel est le plus infatué de sa personne? |
Pour comprendre ce que je veux dire, il faut entendre Jean-François Kahn vous expliquer comment il a eu raison avant tout le monde, alors qu'il ne fait que débiter une vulgate bien connue... Alexandre Adler est moins prétentieux, plus familier, il pratique volontiers l'autodérision. Jacques Julliard expose ces thèses sans se mettre en avant le moins du monde. |
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laurent nadot 11/04/2004 21:07 |
Physiologie de l'infatuation |
Il existe en France un type d'infatuation qui fait des ravages, c'est la beaufferie des militants surs de leur vérité : pour ces gens il n'y a pas de question, il n'y a que des certitudes. Il n'y a pas de doute il n'y a que des évidences. Et hélas il n'y a pas non plus de progrès, car leur simili-esprit reste stérilement fixé sur des lubies qui ne tirent leur apparence de vérité que du fait d'être partagées par des millions d'autres gogos. Il faut bien des intoxicateurs pour manipuler de tels pigeons, et c'est le rôle des frères Kahn, entre autres. Le système nécessite également des relais au verbe facile et à l'énergie suspecte (relire ce qu'en dit le Dr O'Grady), ce sont les Murièle B.. Tout en bas de la pyramide, petits soldats de cette armée du crime, il y a les fantassins sans personnalité, les guignols atteints de psitaccisme et anonnant le catéchisme de bon ton qui leur donne l'illusion d'exister. La est la place de Guy. Et tous sont des infatués. Peu importe que Guy du Faux parle des corridas, de la religion, et de l'opéra, sans rien y connaitre, de toutes façons quand il parle ici de politique, il montre à chaque ligne qu'il n'y comprend rien non plus. La spécialité de Guy Du Faux c'est de désigner des méchants : en général des gens qui ont plus d'argent que lui, ou plus de pouvoir, ou plus de prestige, ou plus de culture. Evidemment ça fait du monde. Ajoutons-y pour faire bonne mesure ceux qui ont d'autres traditions que lui : religion, corrida, opéra, dont Guy ne sait pas encore que ce sont trois loisirs des plus populaires. S'il venait à l'apprendre, fidèle au catéchisme populiste, nul doute qu'alors il ne chante une autre chanson mais vu sa capacité à apprendre, capacité dont on attend toujours les preuves, eh bien la chanson n'est pas pour demain... On n'a pas fini de lire de la beaufferie ricanante dans les fils de DDFC. Car l'infatuation, Guy Du Faux, c'est aussi ne pas savoir changer d'avis, ce qui se détecte aisément chez les personnes au discours totalement prévisible. C'est de toi que je parle, ma soeur : on sait toujours pour qui tu va sortir le fanion ou bien ton pistolet à bouchons. Henry est bien cruel de te tendre ainsi la perche. Enfin je te rappelle que tu as été embauché dans le casting de DDFC pour tenir un rôle de beauf de gauche, mais pas pour inonder les fils de copié-collés. Cette semaine tu t'es encore livré à ton vice. Alors je te préviens solennellement : Guy si tu continues à jouer ton rôle de façon aussi caricaturale, je diffuse la photo où tu es à poil enfin je veux dire les fesses à l'air sous une jupette de cuir et en train de recevoir des coups de fouets. Je me suis procuré à Genève (cf le fil "petite annonce") ce précieux document, mon informatrice me l'a envoyée par bélinogramme, donc un conseil tiens toi tranquille sitiplit. Laurent |
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Louise 20/04/2004 22:19 |
re : Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
Pensez-vous que l'invité de ce midi Marc Riboud a une relation avec le fait que Laure Adler a écrit une biographie d'Antoine Riboud, ou c'est moi qui voit le mal partout ? J'ai relu cette interviou de Laure Adler (lien piqué sur DDFC), c'est parfois assez savoureux. Marguerite Duras et Antoine Riboud, même combat. http://acrimed.samizdat.net/article.php3?id_article=15 |
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paul kobisch 25/04/2004 17:04 |
re : Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
J'ai malheureusement raté l'émission concernent le duo Onfray - Clair, mais je me souviens fort bien de l'horreur de cette expo pour nécrophiles. Anecdote personnelle à ce sujet : en 1981 j'ai (dû) faire un reportage FR3 sur un cimetière mérovingien fraîchement découvert dans le nord de la Lorraine. Scandalisé par la gougnaferie des pseudo-archéologues, j'ai rameuté le curé du patelin pour lui demander s'il ne valait pas mieux foutre la paix à ces morts qui n'apportaient strictement rien au plan scientifique : il est resté interdit, muet, de même que l'instit et l'archéologue en chef. Chapeaux Messieurs, : la Science ! PK |
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Louise 21/05/2004 18:51 |
re : Tout arrive, parfois aussi le meilleur |
Excellente deuxième partie ce midi avec Yousry Nasrallah, Tony Gatlif,Youssef Chahine. http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ toutarrive/ Extrait de la fin : "Yousry Nasrallah :- Rien n’est pire que le sentiment de mépris, moi je n’ai aucun problème dans ce contexte, mais je sais bien de quoi Tony parle. Par exemple, quand on présente un film ici, c’est toujours représentatif d’autre chose qu’un film, souvent dans le monde occidental., il faut être représentatif d’une réalité sociale liée aux médias et je ne sais plus quoi et au bout du compte, c’est une forme aussi de vous exclure que de vous traiter d’ethnologue et de je ne sais plus quoi et je crois que ce que fait Tony, ce que font beaucoup de gens sont des fictions qui racontent l’âme, notre âme, tout exactement; comme n’importe qui travaille n’importe où au monde. Et finalement le côté où on exige par exemple….. certaines gens qui ont été choqués de voir des images de comment un peuple entier peut être expulsé d’un pays, cela n’a jamais été fait en portant des gants de velours, ni avec gentillesse. Personne n’a été dire aux Palestiniens : « Allez prendre des vacances au Liban pendant 50 ans. » Non, ça a été fait avec beaucoup de violence et cette image-là soudainement, on veut qu’elle reste dans le refoulé presque psychanalytique , et le fait de la raconter vous met tout de suite dans une position presque de tabou et j’ai exactement le même sentiment en voyant vos films, c’est à dire qu’il y a une transgression qui arrive. Vous osez montrer des gens qui sont des statistiques normalement, des figures de média… Tony Gatlif :- C’est ça Yousry Nasrallah :- et soudainement, ils existent comme personnages et cela choque énormément et tant mieux." |
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Henry Faÿ 28/12/2004 14:40 |
rediffusion du débat Jean Clair Michel Onfray |
Demain, rediffusion du débar Jean Clair Michel Onfray, voir les premiers messages de de fil |
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