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| Pour info 24/09/2004 23:52 |
Interview de Laure Adler |
PERMIS DE PENSER Interview de Laure Adler Quel est le principe de l’émission ? Le dispositif est simple : pendant une heure, une fois par mois, un grand intellectuel (français, européen ou du monde entier), viendra dévoiler son itinéraire et être questionné sur des problématiques de société. L’émission sera divisée en trois temps : un premier temps où je questionnerai la personnalité invitée sur ses engagements et son itinéraire biographique. Dans un deuxième temps, je lui ferai rejoindre un "club" d’intellectuels de trente ans. Et avec le type de questionnements qui appartient à leur génération, ils vont dialoguer en compagnie de cet invité "fil rouge". Dans un troisième temps, chacune de ces personnes, avec l’invité, dira ce qui l’a émue, bouleversée, indignée, intéressée dans l’actualité du mois écoulé. Il y a là l’idée de confrontation à la fois des générations et des esprits… Absolument. Nous voudrions que ce soit une émission vivante, chaleureuse, généreuse, pour tenter de créer des conditions de parole intime. Les intellectuels ont, en ce moment, trop peu d'espace à la télévision pour dire leur vision du monde. Et pourtant, elle nous importe au plus haut point. On confisque leur parole, on oublie qu'ils sont des citoyens du monde, engagés, prenant des risques. Sur la forme, nous voudrions une émission simple, modeste, pas chic, sans apparat, avec la loyauté et la sincérité qui sont les signes d'un vrai dialogue. Une émission pour tous. La pensée est l'apanage de tous. Liberté de penser pour nous aider à réfléchir, questionner dans l'espace de l'agora qu'est la télévision. Le but serait de montrer que l’intellectuel n’est pas enfermé dans son monde à lui… Oui. Les intellectuels des gens comme nous tous. Simplement, ils ont peut-être une lueur particulière. Ils sont tellement immergés dans leurs recherches, dans leurs prises de risques théoriques, dans le désir de réinventer le monde qu’ils peuvent peut-être nous faire comprendre le monde contemporain de manière sensible et approfondie. L’idéal serait pour moi qu’on ressorte à la fin de ces émissions avec l’impression de voir un peu les choses différemment. Nous voulons ouvrir les fenêtres de l’âme et de l’esprit. Qui seront les invités ? Nous commençons avec l’écrivain Amos Oz, qui a accepté de venir d’Israël. Puis Françoise Héritier, qui est anthropologue, elle a succédé à Claude Levi-Strauss au Collège de France. Le troisième est un philosophe irrespectueux : Peter Sloterdijk. Dans les invités pressentis pour la suite, nous avons Salman Rushdie, Philip Roth, Pedro Almodovar, Jean Starobinski, George Steiner… Les trois premiers que vous citez ont "signé" sans voir l’émission. Qu’est-ce qui les attire ? Je crois qu’ils ont très envie de parler et qu’ils ont peu d’espace pour parler. Ils me font confiance et ils sont très contents de venir sur une chaîne aussi exceptionnelle qu’ARTE, qui leur donne le temps de parler, dans un processus branché sur l’actualité. Quel est l’avantage d’un rythme mensuel ? C’est ARTE qui m’a proposé ce rythme. Maintenant, moi, je suis un peu traqueuse. Je suis très heureuse de revenir à la télévision, mais je n’en ai pas fait depuis quelques années… On nous a proposé un rythme mensuel, on va voir si ça intéresse les gens. Je l’espère ! Et puis après, si le rendez-vous s’installe, tout est possible. Mais déjà, réussissons notre ton, notre style et notre loyauté vis-à-vis des téléspectateurs. Je suis très heureuse et très fière de travailler à ARTE. Cette émission nouvelle est-elle aussi faite pour viser un public nouveau ? Oui. Je pense que les intellectuels et les artistes d’aujourd’hui sont des gens dont la parole et l’engagement concernent tout le monde. Toutes les générations, toutes les classes sociales. Je souhaiterais faire une émission pour tout le monde, agréable à regarder et intéressante. Et ça, c’est un peu l’héritage du Cercle de minuit. Quand je présentais cette émission sur France 2, les téléspectateurs n’étaient pas des bac + 8, mais des jeunes de banlieues, des autodidactes... Nous voudrions montrer que la culture concerne tout le monde. Propos recueillis par Thomas Baumgartner le 8 juillet 2004 |
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