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Stanley Jevons

27/08/2007
16:07
in "L'économie politique" (1878)

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Le fait est, que de même qu'on haïssait autrefois la science physique, il y a aujourd'hui une sorte de défiance ignorante, d'impatience contre l'économie politique. L’homme aime à suivre ses propres impulsions et ses préjugés ; on le vexe en lui disant qu'il fait justement ce qui le conduira à un but diamétralement opposé à celui qu'il cherche. Prenons le cas de la soi-disant charité. Bien des personnes charitables pensent qu'il est vertueux de faire l'aumône aux pauvres gens qui la demandent, sans considérer l'effet qu'elle produira sur ces gens. Ils voient le plaisir du mendiant qui reçoit cette aumône, mais ils n'en voient pas les effets ultérieurs, c'est-à-dire l'augmentation du nombre des mendiants. La pauvreté, les crimes que nous avons sous les yeux sont en grande partie le résultat de la charité mal entendue du passé, charité qui fut cause qu'une bonne part de la population est devenue insouciante, imprévoyante et paresseuse. L'économie politique prouve qu'au lieu de donner des aumônes accidentelles et irréfléchies, nous devons veiller à l'éducation du peuple, lui apprendre à travailler, à gagner sa vie, à épargner quelque chose pour aider sa vieillesse. S'il persiste dans sa paresse et son imprévoyance, il doit en supporter les conséquences. Mais comme cette manière d’agir peut sembler sévère, les économistes se voient condamnés par des gens au cœur sensible mais abusé. La science passe pour inflexible, impitoyable et on en conclut qu'elle n'a pour objet que de faire le riche plus riche et de laisser périr le pauvre.

Tout cela n'est que méprise.

L'économiste, quand il recherche comment l'homme peut le plus facilement se procurer les richesses, n'enseigne pas que le riche doit garder son bien comme un avare, ni le dépenser en luxueuses folies comme un prodigue. Il n'y a absolument rien dans la science pour dissuader le riche de dépenser sa richesse d'une façon tout à la fois généreuse et sage. Il peut aider avec prudence ses parents et ses amis. Il peut fonder d'utiles institutions publiques, telles que bibliothèques, musées, parcs, hôpitaux, etc., favoriser l'éducation du peuple ou créer des établissements d'éducation supérieure ; il peut soulager ceux qui soufrent d'infortunes contre lesquelles ils n'auraient pu se prémunir. Les infirmes, les aveugles, tous ceux à qui il est absolument impossible de s'aider par eux-mêmes, sont naturellement désignés à la charité du riche. Tout ce que veut l'économiste, c'est que la charité soit réellement la charité et ne fasse pas de tort à ceux qu'elle veut aider. Il est triste de penser que jusqu'ici beaucoup de mal a été fait par ceux qui ne voulaient que le bien.

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