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| ... 20/02/2006 02:44 |
Si rare, si réservé |
Journal l'Humanité Rubrique Médias Article paru dans l'édition du 18 février 2006. vendredi 24 fÉvrier Si rare, si réservé L’écrivain Pascal Quignard se livre à Laure Adler dans un grand entretien. Permis de penser : Pascal Quignard. Arte. 23 h 05. Pascal Quignard se produit très rarement à la télévision. Aux grands entretiens télévisés, radiophoniques ou mêmes écrits, l’écrivain préfère se consacrer à son oeuvre, et laisser son éventuel lecteur méditer dessus. Permis de penser, l’émission mensuelle de Laure Adler, lui donne la parole pendant une cinquantaine de minutes. Pourtant, on reste un peu sur sa faim. Certes, l’écrivain se plie au jeu. Prix Goncourt 2002 avec les Ombres errantes, auteur de romans à succès, adaptés au cinéma (Tous les matins du monde) ou d’essais (le Sexe et l’effroi), il parle des fondements classiques de sa culture. Il raconte, sans détours, qu’il puise ses références dans la culture gréco-latine, orientale et classique. Que la musique fait partie intégrante de son univers. Avec un effort d’imagination, le travail de l’écrivain commence à devenir moins opaque au téléspectateur. Et pourtant, pendant la quasi-totalité de l’entretien, conduit par Laure Adler et deux jeunes journalistes, Pascal Quignard reste à distance. Comme s’il se défiait de la parole, comme s’il se défiait des phrases définitives qu’il pourrait prononcer sur ses livres. Comme s’il voulait, aussi, garder jalousement le secret du cheminement de son esprit vers son oeuvre. Et quelque part, dans notre société sans pudeur, où il faut tout dire, tout le temps, sur tout, où il faut donner un avis tranché sur chaque question, la retenue de Pascal Quignard sur sa propre oeuvre est rafraîchissante. Vers la fin de l’entretien, lorsque Laure Adler le fait réagir sur des sujets d’actualité, Pascal Quignard semble sortir un peu de sa réserve. Et de son étonnement, aussi, de se retrouver sur le plateau. Dernière précision : si l’invitation à de jeunes journalistes, de la part de Laure Adler, est louable, elle n’est pas forcément bienheureuse. Au moment où l’écrivain commence à se sentir à l’aise avec son intervieweuse, leur intrusion casse une certaine forme de magie du dialogue. Caroline Constant |
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